Le collectif NINA Lyon vous invite à venir nombreuses et nombreux au débat qu’il organise avec l’Observatoire des Armements le samedi 13 avril à 15 heures à l’Atelier des canulars 91 rue Montesquieu, 69007 Lyon.
Depuis plusieurs années nous assistons au retour d’un militarisme décomplexé, à une militarisation et un embrigadement sournois de la société, à des menaces de nouvelles guerres et de nouveaux conflits liés au climat qui s’ajoutent à ceux déjà existants et à la croissance du commerce des armes…
En 2017, ce commerce pesait 398,2 milliards de $, en hausse de 23 % par rapport à 2004-2008. Derrière les États-Unis (57 %), la Russie (9,5 %) et la Grande-Bretagne (9 %), la France avec 5,3 % des exportations mondiales d’armes (soit environ 20 milliards) a augmenté de plus de 43 % ses ventes par rapport à la précédente décennie.
Y a-t-il de quoi se glorifier de tels faits d’armes ?
Depuis quelques années, les États augmentent et modernisent leurs armements. Les contrats français se multiplient : Rafale, blindés, frégates, sous-marins, missiles, drones, canons, munitions, obus, systèmes de surveillance, matériel de maintien de l’ordre… Cette industrie au poids considérable (200 000 emplois) est constituée d’entreprises très variées de la multinationale à la PME en passant par la startup.
Près de chez nous on trouve : Safran, Ecrin, (électronique) , Arquus et Nexter (blindés), Michelin, Verney-Carron et Rivolier (armes, munitions…), Surveycopter, Elistair (drones), Desautel (ambulances) Paraboot (chaussures), Aleph (espionnage des réseaux), Zodiac (avionique), Brochier (textiles militaires)…
De plus, avec les technologies dites duales ces entreprises mélangent allègrement militaire et civil : grenades pour la police et l’armée (Alsetex), traitement de l’eau et protection NBC (CNIM), cryptage des smartphones et espionnage des communications (ERCOM-Thales)…
Comme ses prédécesseurs, le gouvernement Macron se félicite bruyamment à chaque signature de contrat qui renforcerait l’indépendance, le prestige et les savoir-faire « made in France ». Le tout, relayé par les médias, en particulier ceux que Dassault s’est offerts.
Hypocrisie meurtrière
Vendre des armes n’est pas innocent. De nombreuses lois, traités et conventions internationales sont censées réglementer, contrôler, « moraliser » ce commerce. Chez nous, les ventes d’armes sont gérées au plus haut niveau de l’État et soumises à autorisation. Il est interdit aux États d’en acheter pour réprimer leur population, tout comme pour mener une guerre d’agression. Mais derrière ce rideau de fumigènes, la réalité est toute autre.
Quelques exemples :
Macron affirme : « Il est faux de dire que l’Arabie Saoudite est un grand client aujourd’hui de la France ».
En réalité, pour les entreprises d’armement françaises, la dictature religieuse est le 2° client mondial après l’Inde.
Depuis 2015, Arabie Saoudite et Émirats Arabes Unis mènent une guerre de conquête au Yémen. Les canons CAESAR de Nexter pilonnent, les navires fabriqués par Naval Group organisent le blocus des ports, des conseillers militaires français entrainent des forces spéciales… Bilan : 50 000 morts, 3 millions de déplacés, 14 millions de civils menacés de famine. La France est un gros investisseur en Arabie Saoudite, qui en est le 2ème fournisseur de pétrole. Coïncidence : le sous-sol yéménite regorge d’hydrocarbures…
Macron encore : « Les ventes d’armes à l’Egypte ne sont pas destinées au maintien de l’ordre. Il n’y a aucune ambiguïté possible »
Or, l’État français est complice de la guerre larvée menée par la dictature égyptienne contre son propre peuple. Des milliers de civils ont étés tués au Caire en 2013 et au Sinaï par du matériel français (avions, missiles, blindés) au nom de la lutte contre le terrorisme islamiste. Les technologies de surveillance individuelle, d’interception, de collecte des données et de contrôle des foules sont responsables de la répression de dizaine de milliers d’opposants. L’appui politique français au régime est total et la plus grande partie de ces achats sont financés par l’Arabie Saoudite.
Macron toujours : « Je suis d’une génération pour qui les crimes de la colonisation européenne sont incontestables… on ne vient pas dire à l’Afrique, ce qu’elle doit faire, quelles sont les règles de l’État de droit »
Pourtant en Afrique, le lien ancien entre ventes d’armes et domination néocoloniale persiste. Le Tchad, dictature d’Idriss Deby, est un pays pauvre mais riche en ressources pétrolières et minières pillées par la mafia de la Françafrique. C’est aussi un pays essentiel pour les interventions de l’armée française en Afrique.
150 millions d’€ « d’’aide au développement », récemment fournis par l’Europe et l’Arabie Saoudite ont servi à l’achat de matériel militaire français pour lutter contre les groupes jihadistes en lien avec l’opération Barkhane et le G5 Sahel. À partir de là, la lutte antiterroriste a tout permis et justifié : massacres d’orpailleurs pour accaparer les mines d’or de Miski, répression féroce des opposants et les tribus, chasse et internement des migrants en transit, bombardement par nos Rafale de colonnes d’opposants armés…
Face à cette situation, nous pensons qu’il est essentiel de comprendre ce que sont et impliquent la fabrication et l’exportation croissantes d’armes pour mieux nous y opposer.
- À quoi et à qui servent les ventes d’armes ? À qui cela profite-t-il ?
- L’armée française avec ses OPEX est-elle autre chose que le meilleur VRP à l’international des marchands de canons ?
- Le discours qui établit une équivalence entre les ventes d’armes et le maintien et la création d’emplois français, l’amélioration de la balance commerciale est à la fois obscène et malhonnête. Comment le démonter ?
- Le business des armes ne semble plus soulever beaucoup de désapprobation dans l’opinion. Quelles peuvent en être les raisons : indifférence ? sentiment d’impuissance ? Comment sortir de cette situation ?
Venez nombreuses et nombreux !
Bar, petite restauration et table de presse
à 15 heures à l’Atelier des canulars 91 rue Montesquieu, 69007 Lyon
NINA Lyon-Contact : nina-lyon@riseup.net
Le collectif NINA-Lyon envisage une série de rencontres afin d’informer, d’analyser, de permettre une appropriation individuelle et collective sur ces questions et d’envisager la relance d’une opposition à la peste militariste, Ici et Ailleurs.